La reprise d'enterprise
Le repreneuriat est un enjeu économique et social majeur. De sa réussite dépend notre capacité à maintenir des emplois sur les territoires… Voyons ensemble, quels en sont les “rouages”.
Reprendre une entreprise : le “parent pauvre” de l’entrepreneuriat français
Un rapport du Ministère de l’Economie et de l’Industrie rappelait que seules 60 000 entreprises étaient mises en vente chaque année, quand 185 000 unités pouvaient être concernées.
Le marché de la reprise d’entreprise reste confidentiel. Chaque année, une entreprise sur deux disparaît faute de repreneur. Ces chiffres font consensus et sont malheureusement stables depuis 10 ans.
Dans le détail, il apparaît que la première cause de cession est le départ à la retraite du dirigeant. Or, actuellement, près de 25% d’entre-eux sont âgés de plus de 60 ans (contre, 13% en 2000). Le choc démographique qui s’annonce est considérable (source BCPE). Il doit être anticipé et s’accompagner d’un intérêt renouvelé pour la reprise d’entreprises. Or, il semble que la transmission demeure le “parent pauvre” de l’entrepreneuriat. Les initiatives publiques vont le plus souvent dans le sens de la création d’entreprise. Le nombre d’incubateurs, de programmes d’accélérateurs, de concours de création d’entreprises en témoigne.
Pourtant, les statistiques de réussite sont favorables à la reprise : 60% à 5 ans pour la reprise d’entreprise, contre 50% pour la création d’entreprise (Bercy, 2016).
Repreneuriat et les risques d’échec bien identifiés
Les risques d’échec restent nombreux, mais assez bien identifiés. La synthèse proposée par B. Deschamps (Revue de l’Entrepreneuriat, 2003), nous intéresse particulièrement. Notons qu’elle reprend l’idée selon laquelle la préparation du cédant et de son entreprise sont des facteurs indissociables et déterminants à la bonne réussite du projet.
L’auteure fait également apparaître toute la complexité du processus, car les phases ne sont pas réellement disjointes. Elles sont interdépendantes et les acteurs en présence sont particulièrement nombreux (cf. tableau suivant).
Tableau – Les six phases du repreneuriat et les risques associés
Lors de la phase de décision, le repreneur doit avoir bien intégré l’idée de devenir chef d’entreprise. Il doit aussi s’être approprié le projet et se sentir prêt pour cette nouvelle aventure professionnelle. Si l’une de ces conditions n’est pas satisfaite, le processus risque de reposer sur de mauvaises bases.
La phase de détection consiste en la définition de critères de ciblage. L’auteure préconise de privilégier la cohérence entre le choix de la cible et les compétences “métier” propres du repreneur.
La phase d’analyse qui en découle est très risquée, car dès lors le processus de reprise se superpose au processus de transmission – début des interactions entre le cédant et le repreneur. Les travaux sont très riches sur le sujet. Ils relatent des “symptômes” spécifiques et des “pathologies” afférentes – myopie repreneuriale, astigmatie repreneuriale, hypermétropie repreneuriale – dont le repreneur doit se protéger.
La négociation clôt la phase d’analyse. Elle comporte deux risques majeurs : celui d’accepter un prix trop élevé ou de signer un contrat trop peu protecteur pour le repreneur.
La phase d’entrée
Si le processus de transmission est globalement complexe, cette complexité est à son paroxysme lors de la phase d’entrée du nouveau dirigeant. Cette phase mobilise l’ensemble des acteurs : le repreneur, le cédant, les salariés, les banques, les clients, les conseils de chacun, etc. Elle peut être révélatrice des difficultés occultées qui sont souvent cumulatives (WOLFF, Revue VSE, 2016). Ces difficultés peuvent provoquer le “rejet de la greffe” à savoir le rejet du nouveau dirigeant, et l’échec total du processus de transmission.
De nombreuses études témoignent du caractère essentiel de la relation cédant-repreneur. Il est également impératif de gérer les inquiétudes des principales parties prenantes.
Cédants & repreneurs, pensez à vous faire accompagner !
En complément des opérations financières, fiscales et juridiques indispensables au processus de transmission, vous pouvez vous faire accompagner dans le cadre d’une reprise d’entreprise.
Voici les principales possibilités :
- votre CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie)
- votre CMA (Chambre de métiers et de l’artisanat)
- l’association CRA (Cédants et Repreneurs d’Affaires)
- le réseau Transmettre et Reprendre (qui rassemble plusieurs organismes)
- le réseau Initiative France
À lire sur ResearchGate pour en savoir plus : La transmission d’entreprise : un objet d’étude complexe entre sciences de gestion, anthropologie et psychologie
Dominique WOLFF